Ma fille est finissante au secondaire, en FMS (Formation et métiers semi-spécialisés), et… je n’aurai pas de photo d’elle en robe de bal. Je n’aurai pas de photo d’elle avec moi, arborant nos plus beaux sourires. Il n’y aura pas de cérémonie de finissants (même si j’avais les billets depuis des mois et que je me préparais avec joie à ce moment). Non, elle n’est pas allée au bal. Elle ne voulait pas. A ce moment de l’année où les photos de nos enfants finissants foisonnent sur les réseaux sociaux, soulignant leurs succès, ces moments heureux entourés leur famille, je vis de mon côté ce moment autrement. Et je l’avoue, ce n’est pas facile.
Ma fille termine son parcours du secondaire à presque 17 ans (4 écoles qu’elle a fréquentée ces 5 dernières années, à cause du contexte familial mais aussi de ses difficultés d’apprentissage et défis personnels). J’étais tellement fière de souligner ce moment. Après ces années bouleversées, de suivis auprès de tant d’éducateurs, professeurs, travailleurs sociaux, spécialistes,… fière de souligner sa persévérance et notre retour ensemble, je souhaitais vivre un moment de célébration pour souligner sa réussite : elle est allée jusqu’au bout malgré les difficultés ! On se retrouve d’autant plus, toutes les deux en co-habitation depuis un peu plus d’un an, après une distance nécéssaire. Le lien de confiance et de respect s’est rétabli. Pour moi ce moment représentait beaucoup.
Nous avons appris récemment que ma fille avait un Trouble du spectre de l’autisme (TSA niveau 1). Après plus de 10 ans de questionnement et autres diagnostics: TDAH, trouble de l’opposition, trouble d’apprentissage à base langagier, et autres….. bref, jamais on n’avait mis le doit réellement sur la source de ses difficultés d’apprentissage et comportementales. Elle accueille cette réalité depuis tout récemment, et wow, ça me remplit encore plus de fierté !
Je me voyais ce soir, avoir enfin une photo de nous deux. Mais il n’y en n’aura pas. Elle ne voulait pas. Ma fille n’aime pas se faire prendre en photo, et encore moins avec moi. J’avais préparé: ballons, fleurs, guirlandes… et elle, son pyjama. La dernière photo de nous deux, je ne m’en souviens plus.
Je me vois à nouveau face à mes espoirs, mes attentes et à mes déceptions.
Elle n’a pas voulu aller au bal ni à la cérémonie de finissants, parce qu’elle n’était pas à l’aise. J’avais organisé un 5 à 7, prévu depuis des semaines, souhaitant que l’on puisse se retrouver père, mère et filles. J’étais si fière et heureuse. Sa sœur renfermée sur le divan, profondément absente et désintéressée. Les sushis, le vin, le mousseux… rien de tout cela n’arrivait à apporter de la joie à ce moment; tensions, susceptibilités,… Après un moment, tentant d’essayer de « sauver la soirée », j’ai pris mon sac à mains et je suis partie. Besoin d’air.
Ma fille aurait souhaité aussi vivre un moment heureux, mais l’énergie ambiante ne s’y prêtait pas. Des coeurs blessés, cela demande du temps à cicatriser. J’avais autant de peine pour elle que pour moi.
Je suis partie me réfugier près de la rivière.
Encore une fois, je vois tous ces mécanismes qui m’habitent et la réalité de mon environnement… ce que j’espère chaque fois, souhaitant un peu de bonheur, je vois mes désirs, ceux pour l’autre et l’espoir que je trimballe. Besoin de réaliser que ce que j’espère; n’existe pas. Ça n’existe pas chez moi en ce moment; l’harmonie, le respect, l’écoute tous ensemble. Un moment simple, pour ne pas dire « normal » en famille. Tant de blessures et de tiraillements dans la fratrie, et moins d’espace pour accueillir l’autre. Je porte ce masque des: « Oui oui, tout va bien… » mais ce soir, non. » Je m’autorise à reconnaître, que même si j’essaie de garder le fort en place, ça ne marche pas. La vie me renvoie à nouveau, le contrôle qui m’habite et l’urgence de lâcher-prise. Reconnaître, accepter ce qui est et prendre soin de moi.
Je n’ai pas vécu de moment de graduation heureux en ce soir du 23 juin et je vous envie… mères ! Ce moment que tout parent souhaite vivre avec son enfant. Profitez-en !!! Prenez votre enfant dans vos bras !
Je tiens à dire… que je suis tellement fière, tellement pour ma fille. Fière et heureuse. Je vous le dis, à vous.
Ce soir, j’ai compris. Je fais le deuil véritable.
Je fais le deuil d’une famille heureuse.
Je fais le deuil de mes espoirs familaux.
Et je fais le vœu de me respecter.
De respecter mes besoins, suivre ma mission d’âme que j’ai mise de côté, trop préoccupée par les autres.
Je fais le voeu d’accueillir le détachement.
Je ne peux changer ce qui ne peut l’être.
Lâcher prise. Se détacher émotionnellement, physiquement. Accepter.
Heureuse. C’est ce que je veux. Alors moi, je change.
Vous vivez avec une adolescente ayant un Trouble du spectre de l’autisme ?
Je serais heureuse de vous lire (Écrivez-moi: info@marieannelemay.com ) !
Partageons cette réalité afin de se sentir moins seuls.
Bon été !
La force spirituelle d’un peuple
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